Putuim
Après notre retour de Tiputini samedi et un repos bien mérité dimanche, nous sommes retournés à la Casa lundi en compagnie de Maria et Francisco. Nous les avons aidé à décharger les parpaings manquants, à leur faire traverser la rivière et à les mettre à l’abri dans la Casa. Les travaux continuent à avancer, notamment l’enduit des murs. Nous poursuivrons les discussions sur la Casa à notre retour de Putuim.
Mardi matin nous partons avec Maria et son neveu pour la communauté. Après nous avoir déposé à Huamboya, nous avons pris un taxi officieux jusqu’à la communauté. Bien que l’on nous ait prévenu de cette route qui s’étend désormais jusqu’au fleuve en contrebas de la communauté, voir la saignée au milieu des arbres nous a tout de même fait un choc ! Contrairement à notre première venue 4 ans plus tôt, pas besoin non plus de traverser le fleuve à la nage avec les sacs au dessus de nos têtes : un pont a été construit par les pouvoirs publics. Ce dernier commence cependant à s’abîmer, les planches en bois ne résistent pas aux pluies diluviennes de l’Amazonie. La montée abrupte qui nous mène finalement à la communauté est toujours heureusement bien présente.
Sur le plateau de Putuim les habitations se sont développées et la communauté a grandi depuis notre dernier passage comme nous l’avaient indiqués les groupes suivants. Tout de suite nous sommes accueillis dans une des maisons du chef de la communauté, Ramon, qui nous reçoit du haut de son fauteuil en bois sculpté. Rapidement il amorce le sujet du pont avec Maria, qui l’incite à faire une demande auprès de l’institution pour laquelle elle travaille, l’ECORAE.
Nous étions heureux cette année de pouvoir discuter longuement chaque jour avec Ramon de sa communauté, son mode de vie, la gestion du projet, ses difficultés et ses désirs pour l’avenir.
Nous avons aussi retrouvé l’ambiance si particulière de la vie au milieu de la forêt : son calme, ses baignades au rio, sa yucca et sa papachina, et la nuit ses étoiles par millions et ses insectes démesurément grands. Une nouveauté cependant, cette année nous dormions en compagnie de rongeurs non identifiés censés nous « protéger » selon Ramon. C’est dire si on était rassurés.
La communauté semble vraiment aller de l’avant. Les enfants se portent mieux malgré une épidémie de grippe qui se terminait. L’autosuffisance alimentaire de la communauté semble atteinte avec leurs terres agricoles, les poulets et les œufs ainsi que le lait des vaches. La demande de la communauté s’est donc d’avantage portée sur son développement économique afin d’assurer la scolarisation des enfants et permettre aux adultes de travailler sur leurs terres et éviter ainsi de se vendre à la ville.
Nous avons donc choisi de développer leur projet d’élevage bovin au-delà de l’apport de nourriture afin qu’ils puissent aussi vendre du bétail. Comme l’an passé, ils ont proposé l’achat d’un taureau pour agrandir leur cheptel. La location de la bête étant difficile, coûteuse et risquée en cas d’accident, cette solution ne semblait pas envisageable à long terme. Nous avons donc financé l’achat de ce taureau qui rejoint les deux vaches (dont une enceinte) et le veau.
Pour les prochaines années, nous avons aussi évoqué un projet de plantation et vente de cacao qui permettrait de donner un travail plus régulier aux hommes de la communauté.
Après ces trois nuits passées dans la communauté, nous sommes revenus à Puyo équipés d’une lance et sans avoir pu échapper aux peintures traditionnelles shuars sur le visage. Notre couverture est désormais foutue, on nous dévisage à chaque coin de rue.
Il nous reste une semaine pour avancer sur le projet de la casa qui en a bien besoin.
A suivre…